JÉSUS OUI, L’ÉGLISE NON ?
« De Jésus-Christ et de l’Église, il m’est avis que c’est tout un. »
(Jeanne D’Arc à ses juges)
Peut-on « s’arranger tout seul » avec Jésus dans la prière ?
Jésus écoute, il comprend, il pardonne, c’est vrai.
Pourtant il manque une dimension essentielle dans la relation à Jésus-Christ si elle se vit dans le « quant à soi », car Dieu est Amour, et on ne peut le connaître vraiment que dans le « être ensemble », dans une recherche de communion où l’on fait corps. « En vivant dans la vérité de l’amour, nous grandirons dans le Christ pour nous élever en tout jusqu’à lui, car il est la Tête. Et par lui, dans l’harmonie et la cohésion, tout le corps poursuit sa croissance, grâce aux connexions internes qui le maintiennent, selon l’activité qui est à la mesure de chaque membre. Ainsi le corps se construit dans l’amour. » [1]
L’Église est un corps.
L’honnêteté incite à considérer le côté paradoxal de l’affirmation : « je crois, mais je ne pratique pas ». Existe-t-il un footballeur qui ne touche pas au ballon ? Un violoniste qui ne joue pas de violon ? Tout simplement cela veut dire « je n’ai pas confiance dans les paroles de Jésus », donc « je ne crois pas ». Il y a plus de pratiquants (la charité) non –croyants qu’on ne croit…
« Dès que tu prononces le nom du Christ, tu t’appuies sur l’Église. Jésus, tu ne l’as pas inventé et tu n’as pas eu non plus une apparition (quoique cela arrive plus souvent qu’on ne pense). Si on parle aujourd’hui du Christ, si on peut le connaître, si on peut l’aimer, c’est bien parce que depuis 2000 ans il y a une communauté de disciples qui vivent de lui et témoignent de lui. C’est-à-dire… une Église ! Au fond, derrière cette opposition classique (oui au Christ, non à l’Église), il y a une erreur de perspective. Une double erreur. D’un côté, on a un Christ sans Église, de l’autre, on a une Église sans Christ. La première erreur voit l’Église comme quelque chose de rajouté, après coup. L’autre erreur voit Jésus comme un personnage du passé. Alors qu’il est notre contemporain, comme il l’a dit lui-même dans l’Évangile : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » L’Église n’est donc pas une amicale des anciens combattants, entretenant le souvenir d’un Jésus défunt, absent. Dans l’Évangile, il parle au futur : « Je bâtirai mon Église. » (Alain Bandelier, article paru dans l’I Visible)
En fait, ce n’est pas nous qui nous adressons à Jésus-Christ quand nous en ressentons le besoin, mais c’est lui qui est sorti à notre rencontre, « j’ai dit « me voici, me voici ! » à une nation qui n’invoquait pas mon nom »[2], c’est lui qui nous choisit, c’est lui qui nous visite : « voici que je me tiens à la porte et que je frappe »[3]. C’est lui qui a envoyé 12 hommes en leur disant « comme mon père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » [4] ; ce sont donc ses ambassadeurs. « Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons.[5] » L’Eglise guérit, purifie, réconcilie, console, enseigne, nourrit. « Donnez-leur vous-mêmes à manger »[6] dit Jésus, le pain matériel et le pain spirituel.
L’Église est « un hôpital de campagne » [7]. Pourquoi ? Parce que « Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. »[8] Laisser l’Église de côté, ce serait nier notre condition corporelle, qui a besoin d’être nourrie et guérie, par laquelle nous entrons en relation. Notre être est un tout indissociable, corps et âme. Jésus nous sauve par son sang versé, sa mort et sa résurrection, et nous communique ce salut, la vie de la grâce, sa propre vie, par des gestes et des paroles qui touchent nos sens : les sacrements. « L’homme est consolidé, il est conduit au salut de son âme par les cinq sens qui lui permettent de satisfaire tous ses besoins »[9]. Après son ascension, les sacrements sont confiés par Jésus, qui est toujours vivant, à l’Église : « faites ceci en mémoire de moi »[10].
L’Église est le sacrement du salut. En elle, partout et pour tous les hommes, la grâce du Christ est disponible. Pourquoi se priver d’un tel secours ? « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. »[11] dit Jésus.
L’Église est une maison spirituelle : « Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même. En lui, toute la construction s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous êtes, vous aussi, les éléments d’une même construction pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit Saint. »[12]
« Là où est l’Église, là est aussi l’Esprit de Dieu ; et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Église et toute grâce. » dit saint Irénée de Lyon. « C’est pourquoi ceux qui s’excluent de l’Esprit ne se nourrissent pas non plus aux mamelles de leur Mère en vue de la vie et n’ont point part à la source limpide qui coule du corps du Christ. » L’Eglise est une Mère.
L’Eglise transmet l’enseignement de Jésus : « Elle est une et identique à elle-même, cette foi vivante qui, dans l’Église, depuis les Apôtres jusqu’à maintenant, s’est conservée et transmise dans la vérité. » [13]
« Si tu veux une Église plus ceci ou plus cela, commence toi-même par être « plus ». Ceux qui rendent l’Église plus belle, plus rayonnante, plus proche du Christ et en même temps plus proche des hommes, ce sont les saints. » (Alain Bandelier)
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[1] Lettre aux Ephésiens, chapitre 4, versets 15-16.
[2]Livre d’Isaïe, chapitre 65, verset 1.
[3] Livre de l’Apocalypse, chapitre 3, verset 20.
[4] Evangile selon saint Jean, chapitre 20, verset 21
[5] Evangile selon saint Matthieu, chapitre 10, versets 5-8
[6] Evangile selon saint Marc, chapitre 6, verset37
[7] Expression du pape François.
[8] Evangile selon saint Matthieu, chapitre 9, verset 36.
[9] Sainte Hildegarde, le livre des œuvres divines, 5e vision
[10]Évangile selon saint Luc chapitre 22, verset 19.
[11] Evangile selon saint jean, chapitre6, verset 53
[12][13] Saint Irénée
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