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SI DIEU EXISTE, COMMENT LE PERMET-IL ?

« J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple, et j’ai entendu ses cris. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer. Maintenant donc, va ! Je t’envoie. » (Livre de l’Exode)

Quand nous demandons que la souffrance humaine nous soit expliquée, nous demandons au fond qu’elle disparaisse ; car une explication véritable la consolerait en grande partie. Le mal nous scandalise, et l’existence du mal est l’épreuve par excellence proposée à notre foi en Dieu et à notre amour de Dieu. Vaincre cette épreuve est, de notre part, un suprême témoignage. Quand une âme est éprouvée par la souffrance dans ses profondeurs, il est impossible à un être humain de lui apporter une consolation véritable. Dieu seul peut s’identifier à la douleur en la guérissant. Il a pris la condition humaine jusqu’à la mort pour guérir et sauver tous les hommes, en Jésus. En ressuscitant, il a transformé nos tourments en douleurs d’enfantement.

Dieu est avec nous et pour nous, il nous sauve.

On reproche à Dieu de se faire le complice du désordre, parce qu’on ne comprend pas l’essence du mal et le respect de Dieu pour l’autonomie de sa créature ! On se révolte contre notre univers imparfait, parce qu’on néglige la croix du Christ. On dit que l’œuvre de Dieu a  échoué, comme si, pour juger, on détenait toutes les données du problème ! Toute souffrance nous donne à penser que nous sommes en proie à l’hostilité des choses, et, à travers elles, à l’hostilité de Dieu. La foi en la Providence et en la Rédemption nous fait entendre, au contraire, que tout est à notre service, y compris le coup de couteau, la morsure ou le poison. La forme du service importe peu ; son opportunité n’est pas soumise à notre jugement.

C’est l’abandon chrétien qui répond de tout et nous met en paix. Quand nous aurons supprimé de ce monde les maux dont nous sommes responsables, nous serons en meilleure posture pour demander à Dieu des comptes. Mais nous n’y songerons plus.

Le mal prend deux formes bien différentes : la douleur et le péché.

Le péché est un abus de la liberté, que Dieu donne aux personnes créées pour qu’elles puissent l’aimer et s’aimer mutuellement [1]  Dieu ne reprend jamais la liberté. Il incite, exhorte, corrige, mais n’oblige personne à faire le bien.

Les maux les plus nombreux dont souffrent les humains leur sont infligés par leur propre faute. Ils sont le résultat de leurs vices, de leurs désirs immodérés  ou de leur négligence. Nous nous plaignons de Dieu quand nous nous sommes frappés nous-mêmes. Pour un peu nous demanderions à Dieu de nous aider à mal faire sans en supporter les conséquences. Or voici les conséquences :

« La création a été livrée au pouvoir du néant, non parce qu’elle l’a voulu, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage, de la dégradation inévitable, pour connaître la liberté, la gloire des enfants de Dieu. » [2] Sainte Hildegarde explique : « On entend la grande voix des éléments du monde s’adresser à cet homme, car les éléments soupirent vers leur créateur, en de grands gémissements, […] empêtrés dans les péchés des hommes, ils abandonnent l’ordre fixé par le Créateur pour des mouvements ou des parcours étrangers. […] Car ils sont en contact avec leur impureté, puisque les hommes vivent en eux et eux avec les hommes. » [3]

La perversion de la liberté pécheresse accomplie solidairement, se rachète solidairement aussi, en union avec le Christ.

Quant à la douleur, « On n’échappe pas au dilemme : ou être écrasé par la meule, ou la faire tourner au bénéfice de nos fins. Il faut monter ou choir, espérer magnifiquement ou sombrer dans le désespoir. Il n’y a d’êtres nobles sur la terre que ceux qui savent jeter à la douleur un vaillant défi. » [4]

« Il y a plus de vie dans un homme malade que dans toute une vie de bien-portant » a dit un médecin.

Jésus-Christ est venu nous prendre dans la douleur et il l’a subie avec nous, pour nous mener hors d’elle. « La révélation de l’amour divin dans le  Christ a manifesté à la fois l’étendue du mal et la surabondance de la grâce. » [5] Aimer Dieu à travers tous les évènements est la seule façon de les comprendre. Et quand on les a compris, ils ne pèsent plus.  Nous n’avons pas besoin de vaincre le mal : c’est Dieu qui s‘en charge ; pour nous, il suffit de n’en être pas vaincus.

Rien n’est jamais « fini » ; rien n’est jamais irréparable. On ne reconstruit pas ; mais on peut toujours construire. On peut construire plus beau.

J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous. En effet, la création aspire de toutes ses forces à voir cette révélation des fils de Dieu[6]

Que faire ?  – Va, je t’envoie ! Dit Dieu à Moïse, comme il le dit à chaque homme. Car : « A partir d’un Seul et par un Seul [Jésus], nous sommes tous sauvés et sauveurs. » remarque saint Clément d’Alexandrie.  « Il faut avoir de la patience, savoir supporter, et au lieu de remplir l’air de lamentations et de pleurnicheries, travailler à perdre souffle pour que les choses progressent correctement. » [7]

Saint Maximilien Kolbe a pris la résolution de : « Supporter et ne rien faire supporter »  et de réconforter :

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père plein de tendresse, le Dieu de qui vient tout réconfort. Dans toutes nos détresses, il nous réconforte ; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu.[8]

Et la mort ?

Le Christ Jésus est ressuscité d’entre les morts, lui le premier, et il ressuscitera tous ceux qui croient en lui : Je suis la résurrection et la Vie, celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra [9], dit-il.

Le livre de la Sagesse avertit : Ne courez pas après la mort en dévoyant votre vie, n’attirez pas la catastrophe par les œuvres de vos mains. Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants.  Il les a tous créés pour qu’ils subsistent ; ce qui naît dans le monde est porteur de vie : on n’y trouve pas de poison qui fasse mourir. La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre, car la justice est immortelle. Pourtant, les impies ont invité la Mort, du geste et de la voix.

Ils ne sont pas dans la vérité lorsqu’ils raisonnent ainsi en eux-mêmes : « Notre existence est brève et triste, rien ne peut guérir l’homme au terme de sa vie, on n’a jamais vu personne revenir du séjour des morts ». [10] En effet, le projet d’amour de Dieu est de nous faire vivre avec lui éternellement :

« Mes frères bien-aimés, ranimons notre foi, fortifions notre âme, préparons-nous à accomplir la volonté divine et, bannissant toute crainte de la mort, songeons à l’immortalité qui doit la suivre. Que notre conduite s’accorde avec notre croyance : ne pleurons plus la perte de ceux qui nous sont chers et, quand l’heure du départ sonnera pour nous, allons, sans hésitation et sans retard auprès du Dieu qui nous appelle. […] Là nous attendent ceux qui nous sont chers : nos pères, nos frères, nos fils, l’assemblée entière des bienheureux, assurée de son immortalité, mais inquiète de notre salut. Quel bonheur pour eux et pour nous de se rencontrer, de se réunir à nouveau ! ». [11]

« Mon enfant, oui, J’ai entendu ta prière, Je la fais Mienne et Je la présente au Père. J’accueille ta souffrance. Je l’associe aux Miennes pour en faire un bouquet de roses à présenter au Père. Tu n’as rien à craindre, le Père a posé son regard sur toi. Je t’aime. » [12]

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[1] Catéchisme de l’Eglise catholique, § 385
[2] Lettre aux Romains, chapitre 8, versets 19-21
[3] Hildegarde de Bingen, Livre des Mérites de la Vie, partie 3, commentaires, p.173
[4] A-D. Sertillanges; le texte de cette page est en grande partie repris de pensées réunies sous le titre : de la douleur.
[5] Catéchisme de l’Eglise Catholique §385
[6] Lettre aux Romains, chapitre8, verset 18
[7] Don Bosco
[8] 2ème lettre aux Corinthiens, chapitre 1, versets 3-4
[9] Evangile selon saint jean, chapitre 11, verset 25
[10] Livre de la Sagesse, chapitre1
[11] Saint Cyprien de Carthage, traité « de la moralité »3
[12]  Extrait du livre « Pour le bonheur des miens, Mes choisis-Jésus, de Léandre Lachance, vol 1,N°140.

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